Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

samedi 1 septembre 2007

Où est la viande, monsieur le président Sarkozy ?


« Il court vite mais où va-t-il ? », se demande l’hebdomadaire The Economist à propos de Nicolas Sarkozy. Une interrogation qui résume bien l’état d’esprit de la presse anglo-saxonne libérale qui reste partagée entre l’admiration vis-à-vis du volontarisme du président français et le scepticisme quant à l’efficacité de toutes ses promesses et déclarations d’intentions.

Au chapitre satisfecit, on trouve, pêle-mêle, la conclusion d’un mini-traité européen, les premières réformes fiscales en France (baisse de l’ISF et mise en place d'un bouclier fiscal), la libération des infirmières bulgares (avec un bémol sur le caractère opportuniste de l’intervention française), le projet d’une « Union-méditerranéenne » (dont les contours restent à déterminer), le rapprochement symbolique avec les Etats-Unis (une rupture avec le style Chirac particulièrement appréciée par le très conservateur Wall Sreet Journal)) et le discours musclé à l’encontre de l’Iran dont les dirigeants savent désormais que la France est favorable à une action militaire au cas où Téhéran chercherait à se doter de l’arme nucléaire.

Mais, comme le relève The Economist, il est temps pour le président français de passer à un autre stade que celui du bagoût médiatique. « Time to deliver », peut-on lire ici et là. La France va-t-elle changer d’opinion vis-à-vis de l’adhésion de la Turquie à l'Union européenne ? Va-t-elle réintégrer l’Otan ? Son président, et son gouvernement, vont-ils cesser de s’en prendre à la Banque centrale européenne (BCE) et à la valeur de l’euro ? Et que va faire Sarkozy en matière de réforme droit du travail ?

Autant de questions qui traduisent l’impatience, encore indulgente, des médias libéraux pour qui la salut de la France ne peut passer que par plus de réformes, notamment plus de flexibilité sur le marché du travail…

En tout état de cause, la question qu’ils posent désormais à Nicolas Sarkozy est la suivante : « Nicolas, where is the beef ? ». "Le fumet des promesses est plaisant, mais où est la viande ?", se demande ainsi The Economist. Une manière polie de dire que le forcing médiatique ne sert qu'un temps...

Pour la petite histoire, cette expression très populaire aux Etats-Unis, remonte à la campagne électorale pour l’élection présidentielle de 1984. Lors de la course à l’investiture démocrate, le candidat Gary Hart – dont plus personne ne se souvient aujourd’hui – avait multiplié les promesses médiatiques pour « une nouvelle manière de penser », se présentant, avec force marketing médiatique, comme le nouveau Kennedy.

Lassé de ce discours creux, son adversaire Walter Mondale – dont on se souvient un peu – avait eu cette phrase célèbre inspirée d’une publicité pour une chaîne de restauration rapide : « Okay, now, but, mister Hart, tell us where is the beef ?». La suite est connue, incapable de préciser ses pensées et de donner du fond à son discours, Gary Hart a perdu la course à l’investiture face à Mondale (lequel n’a, malheureusement rien pu faire contre Reagan, mais il s’agit d’une autre histoire…).

« Où est la viande, monsieur le président Sarkozy ? ». Voilà certainement une expression que l’on risque d’entendre souvent au cours des prochains mois…

3 commentaires:

Ibn Kafka a dit…

Where's the beef, on peut se le demander tant le début de la présidence Sarkozy ressemble à l'oppurtunisme et à l'incohérence de la présidence précédente -cf. l'affaire libyenne qui ne semble guère dénoter une nouvelle approche de politique étrangère...

Bienvenu sinon sur la blogosphère, si Akram!

bellouga a dit…

Je ne sais pas si Segolene a intégrée sa défaite, mais lui n'a pas l'air de se rendre compte que la campagne electorale est terminée.

grya26 a dit…

mais de quelle viande parlez vous?si il s'agit de celle qui remplira davantage les tables des plus riches, ne vous faites pas de souci, elles en seront abondamment pourvues. Si par contre vous voulez parler de celle qui devrait profiter à tous ceux qui par leur travail contribuent à enrichir l'économie du pays, sachez que pour eux il n'y a pas urgence et que de toute façon on ne leur a rien promis que de travailler plus pour gagner plus.Quant à l'agité brasseur de vent il aura tçot fait de montrer ses limites et son crédit subira une érosion qui risque fort de l'entrainer dans une fatale spirale du déclin.
La grande question,c'est de savoir quelle alternative sérieuse lui opposer; et là messieurs j'avoue que je reste sans voix. Bon, et puis si nous n'avons pas de viande il nous restera peut çetre du poisson!