Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

mercredi 20 février 2008

Chronique économique : Pressions sur les fonds souverains arabes

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Le Quotidien d'Oran, mercredi 20 février 2008

C’est donc l’Australie qui, la première, vient d’ouvrir le feu sur les fonds souverains qui persisteraient à rester sourds aux critiques et mises en garde les concernant à propos de leur opacité. En effet, Canberra vient d’édicter six règles destinées à «améliorer la transparence» des investissements étrangers réalisés sur son sol.

L’un des points les plus importants concerne le fait que les autorités australiennes examineront de près le niveau d’autonomie du fonds souverain vis-à-vis du gouvernement de son pays. On comprend le souci des dirigeants australiens. S’ils ne refusent aucun investissement étranger, ils souhaitent tout de même avoir un droit de regard sur les entrées de capitaux qui seraient motivées par une décision politique extérieure.

Cette exigence résume à elle seule le grand bras de fer qui se profile entre, d’une part, les nations industrialisées et, de l’autre, les fonds souverains arabes, russe et asiatiques. Les premières aimeraient que les seconds soient plus transparents, rendent publics leurs avoirs, détaillent leurs stratégies d’investissement et ne taisent pas leurs opérations.

Autant de «demandes» que les fonds souverains considèrent comme une atteinte à leur liberté d’autant que d’autres investisseurs, à commencer par les fonds spéculatifs ou «hedge funds», ne se voient imposer aucune contrainte. De même, ne comprennent-ils pas cette soudaine levée de boucliers alors qu’ils existent, pour certains d’entre eux, depuis plusieurs décennies.

En fait, c’est bien parce que les fonds souverains ont changé qu’ils inquiètent. Jusqu’à ces dernières années, ils investissaient leurs avoirs dans des placements sûrs et peu risqués à l’image des bons du Trésor américains voire européens (notamment le «bund» allemand). Mais leur stratégie a quelque peu changé depuis le début du siècle. Ces fonds n’hésitent plus à faire leurs emplettes sur des segments un peu plus risqués mais a priori plus rémunérateurs comme le marché boursier ou celui des changes. Deux environnements jugés stratégiques par les nations industrialisées.

Pour ce qui est des Bourses, la crainte est que des fonds souverains opèrent un contrôle rampant des fleurons des économies industrialisées. Une telle peur s’est par exemple matérialisée lorsque le fonds souverain d’Abu Dhabi (Abu Dhabi Investment Authority ou Adia) a déboursé plus de 7 milliards de dollars pour acquérir 4,9% du capital de Citigroup, la première banque américaine.

A l’époque, de nombreuses informations ont fait état du fait que Adia aurait souhaité prendre une part plus grande dans «Citi» mais qu’il a renoncé parce que toute acquisition de plus 5% du capital de la banque aurait permis à la Securities and Exchange Commission (SEC, le gendarme boursier américain) de mettre son nez dans la transaction.

Face aux critiques, les fonds souverains arabes ont des réponses quelque peu différentes. Celui du Koweït, l’un des plus anciens au monde puisqu’il a été créé en 1953, met en avant sa relative transparence et son fonctionnement autonome vis-à-vis des autorités politiques. Il faut dire que ce fonds a connu une cuisante expérience lorsqu’il avait tenté de prendre le contrôle du pétrolier britannique BP dans les années 1990 avant de faire machine arrière face au refus de Margaret Tatcher d’accepter une telle opération.

Quant aux autres fonds, qu’il s’agisse de celui d’Abu Dhabi, de Dubaï ou du Qatar, ils ne peuvent guère se targuer de leur transparence et encore moins d’une autonomie par rapport aux familles régnantes. En effet, il est toujours difficile de faire la part des choses entre les avoirs du fonds et ceux des dirigeants.

Du coup, ces fonds avancent un autre argument assez convaincant. Ils répètent à l’envi que leurs investissements sont destinés à préparer l’après-pétrole et qu’il ne s’agit pour eux en aucune façon de prendre le contrôle des économies occidentales. Une manière intelligente de se différencier d’autres fonds, notamment russe et chinois, qui eux ne cachent guère leur volonté de s’imposer en tant que bras armés de leurs gouvernements.

Akram Belkaïd

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vendredi 15 février 2008

Encore le n'importe quoi !

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De retour du Golfe.

On part quelques jours et l'on retrouve une situation pire que la précédente.

Sarko, ça va ou bien ? C'est pas fini tous ces délires à deux balles ?

Faut grandir un peu ! On dirait un ado qui s'amuse à faire enrager son entourage.

La chronique économique : Le marché devant, les institutions internationales loin derrière

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Le Quotidien d'Oran, mercredi 13 février 2008
Akram Belkaïd

Les crises financières se suivent et, finalement, se ressemblent en cela qu'elles sont toujours suivies par les mêmes promesses d'ivrognes. Prenez la récente réunion du G7. Comme il fallait s'y attendre, les grands de ce monde (cette notion étant de plus en plus discutable car des pays comme la Chine, l'Inde ou le Brésil auraient aussi leur place dans ce club fermé) nous ont encore gratifiés de déclarations lénifiantes sur la nécessité de mettre en place des mécanismes préventifs pour la détection des crises.

Reprenez les communiqués qui avaient suivi l'explosion de la bulle internet ou, plus loin encore, ceux qui avaient été émis après la bourrasque asiatique de 1997, et vous trouverez les mêmes mots, les mêmes formules volontaristes.

Et puisque l'on parle de la crise asiatique, qui se souvient de la création, à l'époque, du Forum de stabilité financière, un « machin » qui regroupe des banquiers centraux et dont on entend parler de temps à autre ? Et c'est ce Forum que le G7 vient de ressortir en l'engageant à travailler « de manière plus rapprochée » avec le Fonds monétaire international (FMI) afin d'identifier « les vulnérabilités » du système financier et « d'améliorer les mécanismes d'alerte précoce. » Et patati, et patata...

Personne ne contestera que ni le Forum de stabilité financière et encore moins le FMI n'ont vu venir la crise du crédit hypothécaire américain. Le premier peut se prévaloir de quelques excuses dont celle qui consiste à déplorer son manque de moyens financiers.

L'affaire est un peu plus compliquée pour le Fonds monétaire dont le directeur général, Dominique Strauss-Kahn, affirme que cette institution a bel et bien vu venir la crise des « subprime » mais qu'elle n'a peut-être pas été suffisamment audible.

C'est peut-être vrai car, concernant le FMI, il n'est pas idiot de se demander si quelqu'un l'écoute encore. En mal de pays débiteurs, discrédité par la crise asiatique et incapable de se réformer, le FMI a perdu de son aura et cela entame sa crédibilité vis-à-vis des marchés financiers.

En réalité, il faudrait appeler un chat un chat et convenir que les institutions internationales comme les gouvernements ont perdu l'ascendant sur ce qu'elles ont contribué à créer. En un mot, le politique comme les autorités de supervision sont à la traîne derrière un marché débridé qui, hier encore avait déjà une longueur d'avance mais qui aujourd'hui en a trois ou quatre.

Malgré leurs beaux discours, les fonctionnaires du FMI comme les membres du Forum de stabilité financière, voire comme les banquiers centraux, en sont réduits à attendre que cela se passe pour réagir. Et après la crise, il leur est toujours facile d'édicter quelques lois, lesquelles seront de toutes les façons inefficaces puisqu'elles ne remettront pas en cause la sacro-sainte dérégulation des marchés.

Ce qui se passe actuellement dans le secteur bancaire illustre bien le manque d'ascendant des institutions internationales sur le marché. Quand le G7 fait mine de s'énerver en exigeant des banques qu'elles publient toutes leurs pertes dues aux « subprime », on réalise soudain que quelque chose va mal car, naïvement, on pourrait penser que les règles comptables et prudentielles commandent à tout établissement bancaire de publier ses comptes sans attendre les supplications du G7. Le fait même que l'on ne sache pas si le total de ces pertes, pour l'industrie bancaire, est de 120 milliards de dollars ou de 400 milliards de dollars, montre bien à quel point le système est dévoyé.

En attendant, pour reprendre les propos de Mario Draghi, le gouverneur de la Banque d'Italie et le président du Forum de stabilité financière, les quinze prochains jours vont être cruciaux puisque c'est durant ce laps de temps que de nombreuses banques vont publier leurs comptes certifiés pour l'année 2007. Et dans cette affaire, qu'il s'agisse de la Société Générale, d'UBS ou d'autres, le pire est bien possible...

mardi 12 février 2008

Une blague

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Devinette entendue il y a quelques jours dans la bouche d'une enfant de 8 ans :

- Sarko et Ségo sont dans une barque qui coule. Qui sera sauvé ?

réponse : La France

Ah..., ces mioches !

jeudi 7 février 2008

Analyse : Les monnaies du Golfe piégées par le billet vert

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La Tribune, mardi 5 février 2008

- Face à une inflation galopante, les monarchies du Conseil de coopération du Golfe (GCC) hésitent à réévaluer leurs monnaies arrimées au dollar.
- Un tel mouvement entraînerait une nouvelle faiblesse du dollar, qui diminuerait d'autant les recettes générées par la vente de leur pétrole.


Réévaluera ou ne réévaluera pas ? Peg supprimé ou non ? Depuis plusieurs mois, les banquiers centraux de cinq des six pays du Conseil de coopération du Golfe (GCC) déroutent les observateurs en multipliant les déclarations contradictoires à propos de leurs monnaies, toutes arrimées par un lien fixe au dollar US (seul le dinar du Koweït est lié à un panier de devises depuis mai 2007). Face à la glissade du billet vert qui entraîne vers le fond rial omanais, qatari et saoudien, dinar de Bahreïn et dirham émirati, et une inflation qui bat tous les records, plusieurs responsables régionaux ont évoqué l'hypothèse d'une réévaluation de ces devises, voire d'une suppression pure et simple du peg. Mais ils ont fait machine arrière alors que le marché des changes était persuadé que le réajustement n'était plus qu'une question d'heures.

Le cas le plus caractéristique de ces tergiversations est celui des Émirats arabes unis (EAU). En novembre, Sultan Bin Nasser al-Suwaidi, gouverneur de la banque centrale, a appelé les pays du Golfe à abandonner le peg au profit d'un panier de devises pour contrer les tensions inflationnistes. Quelques semaines plus tard, cet appel était réitéré et assorti de la promesse que les Émirats ne procéderaient à aucune réévaluation seuls, souhaitant une action de concert avec les autres pays du GCC. Mais, début janvier, le gouverneur faisait lui aussi machine arrière, estimant que le lien fixe entre le dirham et le dollar n'est pas responsable de l'inflation. Promettant de ne pas remettre en cause ce peg, Nasser al-Suwaidi a désigné l'immobilier et l'alimentation comme principales causes de la flambée des prix.

Pour bien comprendre ces atermoiements, il faut rappeler que les deux premières sorties de Nasser al-Suwaidi sont intervenues dans un contexte particulier marqué par la multiplication de protestations contre l'augmentation du coût de la vie dans les Émirats. En 2007, l'inflation émiratie a atteint en effet un plus-haut historique de 9,8 % avec des conséquences sociales importantes. Face à la grogne des fonctionnaires, le gouvernement fédéral a dû concéder des augmentations salariales de 70 %, en vigueur depuis le 1er janvier.

De même a-t-il dû faire pression sur les entreprises privées pour qu'elles revalorisent les salaires des travailleurs immigrés en provenance d'Asie, qui avaient provoqué plusieurs émeutes, notamment à Dubaï. Ils s'estimaient doublement pénalisés par la chute du dirham et par la baisse de leur pouvoir d'achat, qui rognait d'autant le montant des mandats envoyés à leurs familles.

Ces mêmes hésitations se retrouvent au Qatar, où l'inflation flirte avec 15 %. La semaine dernière, Abdullah bin Hamad al-Attiyah, vice-Premier ministre, a déclaré que son gouvernement et la banque centrale qatarie étudiaient « le principe d'une réévaluation du riyal » tout en s'empressant d'ajouter que « rien en la matière n'était décidé ». Un chaud-froid qui n'a guère étonné les marchés tant cette question des monnaies n'est pas uniquement liée à des considérations économiques.

Attentive à ne pas froisser son allié américain mais aussi soucieuse de ne pas déprécier ses avoirs financiers libellés en large part en dollars, l'Arabie Saoudite fait pression sur ses partenaires du GCC pour maintenir un statu quo monétaire. « Nous n'avons aucun plan pour modifier ou supprimer le lien fixe entre le rial et le dollar » , affirme-t-on ainsi dans l'entourage d'Ibrahim al-Assaf, ministre des Finances saoudien.

D'autres officiels du Royaume wahhabite reconnaissent que leur gouvernement est attentif à ne pas provoquer une baisse brutale du dollar en réévaluant le rial. Une réévaluation qui, par effet mécanique, amoindrirait la valeur des revenus pétroliers, ces derniers étant libellés en dollar. « Les pays du Golfe sont partagés entre la nécessité de ne pas diminuer le montant de leurs avoirs financiers et de leurs recettes pétrolières et celle de combattre une inflation qui posent de sérieux problèmes sociaux », juge Mario Maratheftis, économiste chez Standard Chartered.

Pour cet expert, comme pour ceux de Merrill Lynch, « la réévaluation des monnaies du Golfe n'est qu'une question de temps ». D'abord, parce que l'inflation pourrait bien atteindre les 20 % si rien n'est fait pour la juguler. Ensuite, parce que la faiblesse du dollar semble partie pour durer. Le marché des changes ne s'y est d'ailleurs pas trompé qui teste régulièrement les monnaies du Golfe. Enfin, l'exemple du Koweït plaide pour une modification du peg. Depuis mai 2007, date à laquelle la valeur du dinar est fixée par rapport à un panier de devises (où le dollar pèse tout de même 70 %), l'inflation, même si elle demeure élevée, est la mieux contrôlée de la région.

Akram Belkaïd

samedi 2 février 2008

Omani inflation increases

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Omani inflation accelerated to a record 7.6 percent in November (from 6.8 percent in October) as the cost of rents and food increased, the Ministry of Economy said.
The price of food increased 12,6 percent, while rents jumped 11 percent.

On january 15th, the ruler of Oman, Sultan Qaboos bin Said called on the government to study the causes of accelerating inflation and how tackle it, urging limits to be imposed on price increases.

source : Bloomberg, Ministry of Economy in Oman