Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

mardi 11 janvier 2011

Niger : otages exécutés mais aussi sacrifiés ?

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Il paraît qu’un consensus national existerait en France autour de la décision du gouvernement français d’attaquer les ravisseurs des deux Français enlevés à Niamey au Niger. Selon la version officielle, les deux hommes auraient été « froidement exécutés » durant l’intervention des forces françaises. Certes, toute la classe politique, à quelques exceptions près, justifie l’usage de la force au nom d’une nécessaire fermeté vis-à-vis des terroristes. Mais je ne suis pas sûr que tout le monde approuve. En tous les cas, ce n’est pas mon cas.

Le discours que j’entends depuis quelques jours est choquant. Quel manque d’humanité, quel cynisme ! Bien sûr, les ravisseurs et leurs commanditaires sont des criminels mais est-ce une raison qui justifie la prise de risque ? Cette fermeté dont on nous rabat les oreilles, vaut-elle le sacrifice de deux jeunes hommes qui n’avaient rien demandé ? On ne négocie pas avec les ravisseurs ? Et pourquoi pas ? Mieux vaut une infime chance de récupérer les otages vivants que de prendre le risque de leur assassinat. Et l’Etat ne paraît jamais autant cruel et insensible que lorsque qu’il se pare de sa raison pour justifier des actes qui font pleurer aujourd'hui deux familles.

Il paraît que c’est une manière d’adresser un signal à tous ceux qui, au Sahel, seraient tentés à l’avenir de s’attaquer à des ressortissants français ou étrangers. On a donc sacrifié deux personnes dans l’espoir que les prises d’otages vont cesser dans cette région où se joue un grand jeu géopolitique notamment autour des ressources minières. Notons au passage que personne ne s’interroge sur le fait que cet enlèvement a pu avoir lieu en plein Niamey et disons simplement qu’on sait très bien que ce genre de calcul est hautement hasardeux.

Et malgré l’unanimisme ambiant, on peut se demander si ce discours – lequel tournait en boucle dans les médias dès l’annonce du drame ce qui empeste à vue de nez l’action efficace de quelques communicants et autres spins doctors – ne cache pas un fiasco, ou du moins une légèreté et une désinvolture qui ne disent pas leur nom.

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