Lignes quotidiennes

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Dernier ouvrage paru : L'Algérie en 100 questions. Un pays empêché (Tallandier, 2019)

samedi 26 janvier 2013

Football algérien : il est temps de remettre de l'ordre !

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L'Algérie est donc éliminée de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) de football. Deux matchs, deux défaites, trois buts encaissés, aucun marqué. Quel piètre résultat... Certes, il reste un match pour sauver (un peu) l'honneur - ce sera contre la Côte d'Ivoire...- mais il est d'ores et déjà possible de dresser un premier bilan. Non pas simplement de cette compétition mais des performances de l'équipe algérienne de football depuis plus de 20 ans.

Le fait est que cette dernière n'a plus rien gagné depuis son titre de championne d'Afrique en 1990 (c'était à Alger...). Bien sûr, la décennie noire explique en partie ces contreperformances. Quand rien ne va, le football ne peut aller. Mais, le mal est plus profond qu'il n'y paraît. Absence de formation, structures défaillantes, niveau du championnat d'une indigence rare, inexistence d'une politique volontariste de détection de jeunes talents et, pour finir, recours systématique aux joueurs (et entraîneurs) professionnels évoluant à l'étranger comme seule stratégie.

Disons les choses de manière simple. La Fédération algérienne de football (FAF) a échoué dans sa mission et il serait temps d'en tirer les conséquences. En d'autres temps, une telle instance aurait été dissoute, ses dirigeants renvoyés avec un coup de pied au derrière, et une structure intermédiaire aurait été mise en place pour prépare la renaissance du football algérien, quitte à se priver de compétitions pendant quelques années. Bien sûr, la FIFA qui est devenue un pouvoir planétaire n'aime pas trop que les gouvernements mettent leur nez dans les affaires des fédérations mais qu'importe. C'est une question de souveraineté et il y va de l'avenir du premier sport d'Algérie.

Il est temps aussi de reconnaître que le recours systématique à des joueurs évoluant à l'étranger n'est pas la solution idéale. Certes, ils apportent avec eux une rigueur et un dévouement qui fait défaut au championnat d'Algérie. Mais, tout de même ! Quel est donc ce football qui ne produit plus de grands joueurs ? Où sont passés les nouveaux Madjer, Belloumi, Assad, et autres Bencheikh, Fergani, Kouici ou même Lalmas et Betrouni ? A qui peut-on faire croire qu'un pays de 36 millions d'habitants est incapable de renouveler ses champions ? Le fait est que le recours aux pros évoluant à l'étranger relève à la fois de la facilité importatrice. C'est l'état d'esprit de l'Algérie des années 2000 : tout importer, du lait aux joueurs de l'EN... Mais c'est aussi le résultat de l'affairisme ambiant autour du football. C'est ainsi, quel que soit le domaine, l'Algérie demeure une affaire de gros sous. Les agents tournent autour de l'EN comme des vautours autour d'une proie car qui dit sélection dit visibilité surtout lorsqu'il s'agit de la CAN, cette foire à bestiaux qui attire les recruteurs du monde entier. En clair, contrats, commissions, rétro-commissions,... et qu'importe le résultat.

Mais parlons aussi identité de jeu. Où est passé le jeu à l'algérienne ? Où sont passés les fondamentaux qui unissaient tout un peuple ? Vivacité, culte de l'attaque et de l'offensive, recours aux petits gabarits, utilisation d'ailiers, etc... On peut rétorquer que le football a évolué et que l'Algérie doit s'adapter. Mais, désolé, si l'EN doit ressembler à une équipe de deuxième division française, alors autant privilégier une vision algérienne du jeu. Au moins aurons-nous la satisfaction d'avoir été battu en étant resté fidèles à nos principes.

Tout cela veut dire qu'il est temps de remettre de l'ordre dans la maison. De virer la clique qui dirige et magouille autour du football algérien depuis plus de vingt ans. Le football algérien a besoin de remise en cause, de travail patient, de dévouement et même de sacrifice. Tout comme l'Algérie, d'ailleurs...
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