Lignes quotidiennes

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lundi 23 mai 2016

"Le gardien de phare" de Läckberg, polar féministe ?

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Camilla Läckberg fait partie des écrivains suédois de polar mondialement connus. Ses romans mettent en scène le personnage d'Erica Falck, écrivaine douée pour les enquêtes policières et mariée à un policier qui peut s'avérer aussi brillant qu'elle. La série qu'elle a bâti autour d'intrigues au coeur de la ville de Fjällbacka s'est vendue à plusieurs millions d'exemplaires dans le monde.
"Le gardien de phare" ou "Fyrvaktaren" n'est pourtant pas une réussite (*). L'intrigue, qui tourne autour du meurtre d'un homme apparemment sans histoires et de la fuite d'une femme sur une île désertée, n'est guère convaincante pas plus que le dénouement n'est inspiré. Un abus de fausses pistes pour égarer le lecteur nuit aussi au livre.



Les impressions qui suivent sont, bien entendu subjectives, mais on peut même se demander si ce polar, que d'aucuns ont qualifié de "féministe" n'est pas d'abord "masculinophobe" et même "gayphobe". De façon générale, les hommes n'y sont guère à leur avantage, et les relations entre hommes et femmes, y compris des collègues de longue date, sont souvent décrits sous l'angle d'un rapport de force perpétuel et trop souvent heurté. Certes, on y parle du sort des femmes battues et de la faiblesse des moyens de l'Etat suédois pour venir à leur aide mais l'auteure délivre un étrange message implicite selon lequel, au final, il est dangereux que des hommes soient associés aux efforts pour délivrer les malheureuses de leur drame.
Par ailleurs, le thème de l'enfant en bas-âge y est prépondérant et apparaît sous plusieurs formes (enfant mort, désiré, attendu) et l'auteur en fait un synonyme de cauchemar permanent pour les parents.
On termine ce polar avec un drôle de sentiment. Celui de l'inachevé et la conviction que deux cents page - au lieu des 450 - auraient largement suffit.



(*) Camilla Läckberg, Le gardien du phare (Fyrvaktaren), - polar (traduit du suédois par Lena Grumbach), Actes Sud, 23, 50 euros.
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